S’il n’est plus nécessaire de présenter le désigner français Pierre Paulin (1927-2009), dont l’œuvre visionnaire a marqué son époque à travers des modèles devenus iconiques comme le siège Ribbon, le module Dune ou la réalisation du Salon de l’Élysée sous la présidence de Georges Pompidou, le rôle de son épouse et associée Maïa méritait d’être mis en lumière tant l’alliance de ces deux personnalités opposées mais complémentaires fut essentielle dans l’aventure Paulin. Quand le designer créait des sièges si ingénieux et confortable qu’ils semblaient moulés sur le corps, Maïa « assouplissait » sur le plan relationnel, créant rencontres amicales et opportunités professionnelles, le plus souvent autour d’un bon repas.
De la table de travail à la table de repas et inversement, les deux pôles ont toujours structuré le quotidien des Paulin. Table basse, bureau dont on retire le caisson pour le transformer en table de repas, table sculpture, rustique ou en bois précieux, les tables ont jalonné le parcours du créateur en fonction de la demande, mais aussi de son évolution personnelle – donnant lieu à des modèles mythiques comme les modèles Cathédrale, Élysée ou Rosace. Dessinées ou dressée, étoilées ou « à la bonne franquette », les tables de Pierre et Maïa sont faites pour rassembler et créer du lien, faire communauté. Elles disent chacune quelque chose d’une même attention à l’autre, d’une rigueur dans l’exécution mais d’un refus de l’apprêté, d’une même intelligence de la main.
Variations autour de l’objet et de sa fonction, ce livre dessine un portrait intime de Pierre et de Maïa Paulin : les recettes de cette dernière, les photos de diners organisés par le couple, se mêlent aux croquis et photos des créations de Pierre, soulignant au passage combien chemin de vie et parcours créatif étaient indissociables chez le designer.